Nadine BOUIS a.k.a. NINE

Sculpteur

Thionville - Lorraine - France

Affiliée à la Maison des Artistes

Membre de l'ADAGP - PARIS

Présidente de la Société

des Beaux-Arts de Lorraine

Interview par Jean-Louis AVRIL : Nadine BOUIS en questions

Jean-Louis AVRIL : Pour vous, très jeune, la sculpture était déjà présente.

Nadine BOUIS : Adolescente, j’aimais travailler l’argile dans l’atelier de poterie de ma maman.

J.L.A. : Face à l’argile, qu’est-ce qui vous a déterminé à taper dans la pierre et très rapidement dans le marbre ?

N. B. : Toujours dès cette époque, j’ai délaissé l’argile. Au lieu d’ajouter, j’ai très vite préféré creuser la matière. J’ai commencé avec la stéatite plus tendre et vers les années 2000, j’ai opté pour la difficulté : le marbre, sa consistance, sa résistance. J’ai alors suivi plusieurs formations auprès de professeurs anciens élèves des Beaux Arts de Carrare. Le côté mystérieux du bloc brut m’attire. Il faut enlever de la matière pour découvrir, prendre des risques parfois irrattrapables et mettre à jour les secrets du marbre, ses veines, ses nuances de couleur que révèle le polissage. J’aime cette difficulté d’approche, de contact et ce challenge passionné et passionnant.

J.L.A : Au gré des séries, si on devait retenir une constante dans l’évolution et les révolutions de votre création, serait-ce celle d’affiner toujours la pureté de la ligne ?

N. B. : J’ai effectivement très vite été influencée par les travaux de Constantin Brancusi et de François Pompon. J’aime travailler le lissage, le grain de la pierre polie et les patines en surfaces tendues. On peut toutefois être surpris par les virages à 90° dans différentes périodes de ma création mais pour moi, exprimer la forme en fonction de la particularité du matériau me fait chaque fois me remettre en question comme si je repartais à zéro. Si une pierre provoque mon imaginaire, je lui prête une histoire avec à chaque fois de nouvelles règles.

J.L.A. : En fait, vous naviguez de la figuration libre jusqu’aux confins de l’abstraction, de l’élégance des courbes jusqu’à l’expressionnisme et les Arts Premiers ?

N. B. : Par tempérament, je ne saurais me cantonner à un seul profil de travail. Je cherche avant tout à transposer mes émotions. Chaque série est une nouvelle aventure que je traverse entre rêves, souvenirs et réalité. Chaque fois, j’essaie d’aboutir à un accord aussi parfait qu’humainement possible entre la matière et mon être. Donner le meilleur de moi-même et recevoir en retour le meilleur de la pierre.

Propos recueillis par Jean-Louis AVRIL. Critique d'Art.

Rédacteur pour les magazines Beaux Arts et l'Univers des Arts.